L’horreur a frappé, encore, trois ans après l’horrible assassinat de Samuel Paty. Dominique Bernard a payé de sa vie sa fonction enseignante. Les Ceméa comme bien d’autres s’en sont émus et agiront au quotidien pour que l’on ne puisse s’habituer à ce que l’exercice de la liberté d’expression, la liberté pédagogique, la liberté d’opinion puissent conduire au crime.
C’était une nouvelle fois la fonction éducative qui était visée, celle qui effraie tous les extrémistes, celle qui a pour fonction d’émanciper et de donner aux personnes les outils de leur liberté. L’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde, disait Nelson Mandela. Une éducation qui lutte contre les dogmatismes, les raccourcis de pensées, et une représentation du monde et des rapports sociaux répartie entre les gentils et les méchants.
Et dans la période les sujets ne manquent pas à tous les personnels de l’éducation pour accompagner les jeunes à comprendre, décrypter, analyser l’information qui déferle sur les chaînes d’infos en continu et sur les réseaux sociaux. Que ce soit sur le front ukrainien ou au Moyen-Orient, il est nécessaire de prendre du recul avec eux, de répondre aux questions, de provoquer les discussions, de se documenter et de s’armer intellectuellement pour que les seules émotions et les divisions ne prennent le dessus.
Le conflit israélo-palestinien qui conserve un caractère mortifère et sans solution politique au moment où ces lignes sont écrites fait partie de cette complexité. Des voix existent aussi, au-dessus de la mêlée, comme celle de l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. « Le devoir de responsabilité que nous avons vis-à-vis de cette horreur, c’est de bien prendre en compte l’importance de la réaction, de se souvenir que le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée, qu’il n’y a pas de responsabilité collective pour un peuple pour les crimes commis par quelques-uns », estime-t-il, notamment à propos du blocus total à Gaza.
La propagande de guerre est en pleine effervescence occultant totalement la politique de colonisation de l’État d’Israël et l’oppression exercée depuis tant d’années sur les Palestiniens. Comment penser qu’Israël puisse vivre en sécurité tant qu’elle n’aura pas à ses côtés un Etat palestinien reconnu ? Comment imaginer que la population palestinienne n’aspire pas à la tranquillité d’une vie paisible et fraternelle ? « Dans cette période de brouillard idéologique, la voix ténue des pacifistes israéliens mérite le soutien de tous leurs homologues au monde », comme nous le rappelle Sébastien Crépel, éditorialiste au journal l’Humanité. « Ils sont une lueur dans la nuit pour que la vérité triomphe du mensonge sans lequel les guerres ne peuvent jamais durer ».
Pour les artisans de l’Éducation, de l’Éducation nouvelle, c’est faire vivre cette complexité au quotidien qui permet de faire démocratie et République, certainement pas de choisir son camp entre le Hamas et Netanyahou.